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Qu'est-ce qui rend heureux?
Un texte de l'abbé Louis-Philippe Provost-Pastorale des vocations

2021-11-02
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En posant cette question, j’ai réalisé que j’aurais pu aussi écrire comme titre : quel est mon projet de bonheur ? Nous avons tous des choses que nous aimons faire et qui nous font du bien. Alors, qu’est-ce qui nous rend heureux ? Est-ce que notre bonheur se trouve dans les sorties avec nos amis, en allant prendre une bière, en écoutant une série sur Netflix, en prenant un bon repas, en mangeant un sac de chips, en mangeant des biscuits au chocolat ?

Vous conviendrez qu’il faut d’abord distinguer ce qui est de l’ordre du plaisir. Il n’y a pas de mal à faire certaines actions qui nous font plaisir tout en restant raisonnables pour éviter que ça devienne désagréable. Manger un sac de chips au complet risque de nous rendre malade, ce ne sera pas une expérience agréable à long terme. Finalement, tout est une question d’équilibre : qu’est-ce qui me fera le plus de bien à long terme ? Dernièrement, quelqu’un me parlait de la tempérance qui se comprend par le choix de la juste mesure pour chaque chose et cela pas seulement au niveau de la nourriture.

En faisant une distinction entre le plaisir et la joie qui est plus durable nous pouvons nous poser la question sur le bonheur sous un autre angle : y a-t-il des choses plus profondes qui me rendent heureux ? On se réfère à ce moment-ci à des valeurs et des biens immatériels qui nous laissent un état de bonheur à long terme. Il y a la famille, l’amitié et ultimement l’amour, le service et le don de soi, la charité, la prière et la vie spirituelle, ainsi que notre relation avec Dieu. Sûrement, vous pourriez nommer d’autres réalités qui vous rendent vraiment heureux. Nous en sommes venus à découvrir une sorte de finalité de notre agir : nous tendons dans l’accomplissement de notre vie vers un bonheur plus grand. Nous aurions pu ajouter une catégorie entre ce qui est de l’ordre du plaisir et ce qui donne la joie durable. Ce sont les moyens pour être heureux qui touchent à l’équilibre de vie : comme un travail que nous aimons, faire du sport ou des activités physiques, avoir des loisirs, bien manger, etc.

L’essentiel est de réaliser que l’être humain porte en lui-même un immense désir de bonheur qui motive ses actions et ses choix de vie. Un désir qui est d’origine divine comme le dit le Catéchisme de l’Église Catholique. Pour prouver, en quelque sorte, cette affirmation, nous pourrions nous demander s’il existe quelqu’un qui souhaite être malheureux et qui ferait des choix en se disant : je veux être malheureux ? Ce serait vraiment absurde, car toute personne souhaite être heureuse et que si ses choix la rendent malheureuse, ceux-ci étaient tout de même dans le but d’être heureux. Les plus poqués de la vie veulent aussi être heureux, ils ont choisi le mauvais chemin, mais c’était tout de même dans le but d’être heureux.          

De 13 ans à 20 ans et demi, j’ai vécu ce que j’appelle mes sept années de misère. Je vous épargne les détails, mais à la fin de ces années, je me suis retrouvé avec un sentiment de tristesse profonde. Je n’aimais pas ma vie, mais j’avais en moi comme un appel à changer. Il m’habitait un désir de quelque chose de beau, de grand et de noble. Comme j’avais été beaucoup à la messe avec mes parents quand j’étais petit, je me suis dit que je devais retourner à la messe, car à l’Église, je me sentais comme chez moi. J’ai donc été à l’église de mon quartier pour voir sur l’horaire les heures de messes. Sur cet horaire, il était écrit : « tu es précieux à mes yeux et je t’aime » (du livre d’Isaïe). Je me suis rendu compte que pendant ces années de misère tout ce que j’avais fait c’était pour aimer et être aimé. J’avais recherché à être heureux, mais de manière très maladroite et qu’à ce moment-là Dieu me disait : je t’aime ! Dieu me disait et me le dit encore (il nous le dit à nous tous) : je t’aime tel que tu es ! À ce moment, je me suis lancé dans la recherche de ma vocation un peu sans le réaliser. Je commençais à prendre en main ma recherche de bonheur. Pour ma part, j’explique la vocation comme étant un projet de bonheur. Bien sûr, il y a les vocations traditionnelles dans l’Église comme le mariage, la vie consacrée et la prêtrise, cependant, c’est d’abord et avant tout un projet de bonheur que Dieu nous propose.

Toute cette réflexion nous montre que nous avons un but dans la vie et c’est le bonheur pour toujours. Un but qui doit épouser le but du Seigneur qui est de nous donner la vie éternelle que nous appelons la béatitude céleste. Nous nous trouvons devant une question importante : comment concilier la recherche du bonheur terrestre et la recherche du bonheur céleste ? Ou autrement dit : mon bonheur sur terre m’aide-t-il à construire mon bonheur éternel ? Je vous laisse répondre à cette question. Le Seigneur nous invite à ce que toutes nos actions et toute notre vie intérieure aient une saveur de Dieu : « goûtez et voyez comme est bon le Seigneur » comme nous le dit le psalmiste au psaume 33.

Ce qui pourrait nous aider c’est d’abord la Parole de Dieu avec principalement le texte des béatitudes (Luc 5, 3-12) qui est un beau texte à prier et à méditer. Ce texte nous montre que notre bonheur n’est pas dans les biens matériels : notre bonheur s’actualise lorsque nous sommes entièrement tournés vers Dieu dans tous les évènements de notre vie.

« Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.

Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.

Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.

Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.

Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.

Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.

Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.

Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.

Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.

Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! C’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés ».    

La deuxième chose qui pourrait nous aider dans notre recherche de bonheur, c’est la vie communautaire. Ce peut-être en ayant une famille et chercher à y vivre des valeurs de l’Évangile. Ce peut-être en ayant des amis qui partagent le même idéal de bonheur que moi. Ce peut être en m’impliquant dans ma paroisse ou en faisant partie d’un groupe de prière et de cheminement dans la foi. À vous de voir quelle est la meilleure manière de chercher votre bonheur. Cependant, une chose est sûre on ne peut pas le faire tout seul, nous avons besoin de nos frères et sœurs dans la foi pour nous aider. Nous sommes appelés au bonheur en Église comme peuple de Dieu. D’ailleurs, cela nous fait réaliser que la mission de l’Église est de nous conduire à la béatitude céleste. Nous avons nos hauts et nos bas, néanmoins nous sommes invités à ne jamais renoncer à la grandeur de notre appel.     

Pour conclure, il y a une troisième réalité qui peut nous aider, c’est de penser à des personnes qui ont été pour nous des modèles de bonheur. Comme prêtre, il y a plusieurs de mes paroissiens qui m’inspirent beaucoup, il y a eu des gens de ma famille qui m’ont énormément inspiré et aussi des personnes que j’ai côtoyées à différents moments de ma vie. En Église, nous avons également des modèles qui nous sont proposés, ce sont les saints et les saintes. Nous pouvons nous inspirer de nos amis du ciel. Je pense à saint Augustin qui a été un grand chercheur de Dieu, il a réalisé que sa quête de tous les instants était une quête de Dieu en disant : « Tu nous as faits pour toi Seigneur et notre cœur est sans repos tant qu'il ne repose pas en Toi ». Dernièrement, le pape François a béatifié le jeune Carlo Acutis. Il a été le premier bienheureux à être né dans le nouveau millénaire. Il a été un jeune bien ordinaire, mais sa vie était toute tournée vers Dieu. Son bonheur était orienté vers le bonheur du ciel. Il est mort à 15 ans d’une leucémie. Ce qui m’interpelle chez lui, c’est son grand amour pour l’Eucharistie, il avait décidé d’aller à la messe tous les jours. Il se disait qu’en faisant cela il deviendrait sûrement saint. Il a aussi avec ses capacités et ses talents fait un site internet sur les miracles eucharistiques. Sa recherche de Dieu n’était pas compliquée. En se sens, je le trouve inspirant pour nous. Maintenant, c’est à nous de découvrir notre chemin de bonheur avec Dieu.

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