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Apprendre à pardonner

2017-09-17

Je ne crois pas qu’il soit naturel de pardonner. Le mouvement naturel est celui de la justice et de la réparation de l’offense selon la gravité de la faute commise. Cette proportion entre la faute et la peine est une mesure de miséricorde et d’authentique justice, puisqu’elle évite le piège de la vengeance presque toujours démesurée, un autre sentiment qui surgit souvent au cœur de la personne offensée.

Par ailleurs, plus j’avance dans la vie, plus j’avance dans ma vie chrétienne comme disciple de Jésus, plus je suis persuadé qu’une des principales caractéristiques de la foi chrétienne est la pratique du pardon. Mais voilà le « hic », cela ne nous est pas naturel. Il nous faut l’apprendre!

Sans pardon, la vie est impossible

En effet, il n’y a pas de vie possible sans pardon. Pensons d’abord à la vie à deux, que ce soit un couple, des amis, des frères ou des sœurs, la vie à deux n’est rendue possible qu’avec la pratique du pardon mutuel, sans lequel la vie risque de se révéler un enfer. Et on peut aussi étendre cette nécessité à la vie de la famille, des milieux de travail et même dans la société en général.

Même la vie en solitaire a besoin que l’on se pardonne à soi-même. Une personne qui ne parvient pas à se pardonner à elle-même ses erreurs ou ses bêtises ne peut aboutir qu’à sa propre déchéance : perte de l’estime de soi, autodestruction psychologique et, à la limite, la tentation du suicide.

L’apprentissage du pardon

Le premier pas dans l’apprentissage du pardon ne consiste pas à pardonner à quelqu’un mais bien de recevoir d’un autre un premier pardon. Cela se passe dès la petite enfance, quand la mère ou le père pardonne à son  enfant. Sans ce premier pardon, impossible d’établir la base de cet apprentissage. On ne mérite pas un pardon, on le reçoit précisément parce qu’on ne mérite pas. Même au plan humain, le pardon est sous le régime de la grâce. On dit en effet, par exemple, qu’une personne a été graciée de sa peine.

C’est donc à travers l’expérience des pardons reçus, où l’enfant découvre que l’amour de ses parents, puis des autres, lui est révélé à la mesure des pardons dont il est gratifié. Et ainsi, il apprend à aimer en pardonnant.

Ainsi se trouve brisée dès le départ la chaîne de la culpabilité, de la vengeance, de la rancune et de la violence.

Le pardon originel de la vie chrétienne

La Bible nous parle du péché des origines et le baptême a souvent été décrit comme purification du péché originel. La réalité c’est que le baptême nous parle bien davantage du pardon originel que du péché originel. Car le plus important n’est pas le péché, mais le pardon de Dieu qui est au départ de la vie chrétienne. Comme dans l’expérience humaine, la vie chrétienne commence par l’expérience du pardon au départ de notre relation avec Dieu. Par le baptême, nous entrons pour l’éternité dans le pardon de Dieu. Et il nous révèle ainsi son amour indéfectible. Voilà pourquoi le pardon est une des caractéristiques fondamentales de la spiritualité chrétienne. Accueillir le pardon de Dieu qui nous est offert par grâce et pardonner à notre tour comme il nous a pardonné, c’est aimer, comme Dieu nous aime. Mais ce n’est pas naturel, c’est surnaturel, c’est divin. Il nous faut en faire l’apprentissage.

Gaëtan Baillargeon, pasteur 

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