Les médias séculiers et l’Église – une relation mûre pour une réforme en 2025 (Par Daniel Torchia, ARP)

Demandez l’opinion de dix responsables de l’Église sur leur collaboration avec les médias séculiers, et il est probable que la majorité réponde avec une certaine réticence. Selon mon expérience, l’attitude dominante au sein de l’Église à l’égard des relations avec les médias grand public et séculiers oscille entre la négativité, parfois l’indifférence et, à l’occasion, le désespoir. Une rapide analyse des ressources investies par vos organisations ou institutions ecclésiales locales dans les relations médiatiques et publiques proactives pourrait aboutir à la même conclusion. Qu’il soit trop tard ou non pour prendre des résolutions de Nouvel An, le moment est venu d’adopter une approche collaborative pour briser ce mur ou cette aliénation entre la foi catholique et les professionnels des médias.

En 2024, deux événements illustrent cette affirmation porteuse d’espoir : l’ordination de Frédéric Langlois, un jeune prêtre de l’archidiocèse de Sherbrooke, et la convention suprême des Chevaliers de Colomb qui a eu lieu l’été dernier à Québec. Grâce à une approche alliant écriture journalistique, le partage proactif d’informations et un service courtois, professionnel et accessible, les médias locaux ont non seulement accueilli nos messages (et messagers) avec appréciation et équilibre, mais ont également choisi librement de mettre en lumière les aspects inspirants et universels (intérêt humain) des histoires, des personnages et des angles liés à ces événements.

Célébrée fin avril 2024, l’ordination diocésaine a généré pas moins de 62 articles ou diffusions dans des médias à grande portée à travers la province, tandis que le rassemblement annuel des Chevaliers a produit des centaines d’autres mentions, notamment dans des médias de premier plan, grâce en grande partie à l’intérêt manifesté par la Société Radio-Canada (SRC) pour les œuvres caritatives des Chevaliers.

« Notre mission repose sur la communication, car nous devons annoncer la bonne nouvelle, nous dit le Cardinal Gérald C. Lacroix, archevêque du diocèse de Québec. Notre Seigneur Jésus-Christ a fait la même chose. Il a établi un dialogue avec tout le monde. Lorsque je parle aux médias, je considère avant tout que je m’adresse à une personne – et je m’efforce de soigner le dialogue et la relation avant et après l’entrevue. J’ai eu la chance d’avoir des relations solides avec des membres de la presse – des relations caractérisées par beaucoup d’honnêteté et d’espoir. Je n’ai aucune raison d’avoir peur. »

Ces réussites ne sont pas des anomalies. Au cours des 17 dernières années – période pendant laquelle j’ai eu la chance de travailler à l’intersection de la foi et des médias – ce scénario s’est répété à maintes reprises. Quels sont les facteurs expliquant cette série de résultats positifs ? Cette relation peut-elle être fructueuse et positive de façon constante ? La réponse est tout simplement oui, à condition de respecter quelques principes. En voici cinq à considérer.

Premièrement, le pouvoir du journalisme. À travers le monde et les cultures, nous, humains, avons une profonde affinité pour les récits neutres et à la troisième personne. Le rôle de communicateur professionnel dans l’Église aujourd’hui peut inclure des éléments de gestion de réputation, de promotion et d’éducation, mais il comprend également une fonction de « journaliste résident » qui s’engage à documenter les hauts et les bas de la vie du diocèse, du ministère ou de l’organisation. Et il n’y a pas de meilleur moyen de le faire qu’à travers une écriture journalistique.

Deuxièmement, le partage constant d’informations, dans les hauts et les bas. Nous savons que les douleurs, les luttes, les échecs et les crises mènent à la croissance personnelle. Au niveau organisationnel, elles renforcent aussi la crédibilité et l’affinité, non seulement auprès des principaux groupes d’audience – donateurs et employés, par exemple – mais aussi auprès des médias. On nous a tous mis en garde contre les amis de circonstance. La même mise en garde s’applique à nous, qui travaillons dans la communication organisationnelle : nous n’avons rien à gagner à être uniquement des conteurs de bonnes nouvelles.

Troisièmement, lâcher prise sur ce qu’il faut lâcher ; contrôler ce qui est contrôlable. Est-il réaliste de frapper à tous les coups au baseball ? Il n’est pas non plus réaliste de contrôler 100 % de vos entrevues ou autres interactions avec les médias. En termes simples, les médias sont libres d’écrire ce qu’ils veulent – mais nous pouvons maîtriser des éléments essentiels du dialogue. Au lieu de lutter pour tout contrôler, concentrons-nous sur ce qui est sous notre contrôle, comme nos citations, nos propres salles de presse et notre communication non verbale, qui commence par être présent : se tenir droit et accepter les entrevues avec générosité.

Quatrièmement, réutiliser et recycler. Investir du temps et de l’énergie dans des relations médiatiques proactives rapporte gros. Lorsque nous rédigeons nos textes ou propositions, nous obtenons une histoire complète avec des citations et des images ou vidéos pertinentes, ce qui facilite le formatage et la réutilisation de ce contenu sur d’autres plateformes – par exemple, via des infolettres par courriel, un site web ou des comptes de médias sociaux. C’est ce que l’industrie du marketing appelle une communication omnicanale et intégrée. C’est non seulement efficace, mais aussi économique.

Cinquièmement, former pour la culture. Les cultures organisationnelles ne changent pas du jour au lendemain. Ce processus requiert une vision, des champions internes, un plan, de la répétition et du temps. Le processus de formation devient simple une fois que nous avons une vision et une esquisse de plan. Avec cela en place, former des coéquipiers devient, comme la réutilisation de contenu, efficace, économique et même agréable.

Dans ma carrière, j’ai constaté que cette approche non seulement fonctionne, mais repose également sur des théories solides en relations publiques. Il y a des années, j’ai eu la chance de découvrir que la théorie des relations publiques est remarquablement alignée avec notre foi catholique, bien plus que je ne l’aurais imaginé. Mais cela fera l’objet d’une autre réflexion – une fois que les résolutions de Nouvel An seront loin derrière nous !

Daniel Torchia est directeur général de Torchia Communications, une agence de relations publiques internationale

Une équipe de Radio-Canada filme un membre des Chevaliers de Colomb, Francis Denis, animateur de Télévision Sel et Lumière, lors du 142e Congrès suprême des Chevaliers de Colomb à Québec, le 6 août 2024. Photo : D. Torchia.

Une deuxième équipe de Radio-Canada capte des extraits sonores et des informations fraîches du Cardinal Gérald Lacroix, cardinal-archevêque du diocèse de Québec, fier membre des Chevaliers de Colomb, lors du 142e Congrès suprême des Chevaliers de Colomb à Québec, le 6 août 2024. Photo : D. Torchia.

Des séminaristes posent avec les formateurs Daniel Torchia (écran – centre) et Nabil Doss (extrême droite), dans le cadre d’un atelier conçu et dispensé par Torchia Communications, intitulé « Favoriser une culture de la communication », qui s’est tenu en mai 2024. Photo : Torchia Communications.

Une capture d’écran d’un reportage diffusé sur Noovo, à la fin du mois d’avril 2024, qui a atteint plus de 100 000 téléspectateurs avec le message de la joie de servir le Seigneur – et la communauté – par le biais du sacerdoce ministériel.

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